"Voyager c'est d'abord sortir de sa coquille" Claude Roy

Je ne compte plus le nombre de fois où je me suis répétée cette phrase...

“Ce n’est pas le temps matériel, seul, qui permet d’entreprendre un voyage : il y faut se sentir un peu vide et ouvert, qu’une sorte d’appel d’air s’établisse entre le monde extérieur et notre espace du dedans. Il faut avoir soif pour que l’eau désaltère et donne de la joie, il faut avoir besoin de se remplir les yeux, l’esprit et le cœur pour que le voyage ne soit pas seulement une façon d’aller d’une ville à une autre, mais un bonheur.”

Claude Roy - Le bon usage du monde

Edito

“Ce ne sont point les kilomètres qui font le voyage, c’est la poésie. Aucun guide ne peut donner l’adresse de celle-ci. Elle est en nous ou nulle part.”
Claude Roy - Le bon usage du monde

Un soir de février, ma mère m'appelle et m'annonce « nous irons à Alger et à M'doukal ». Pour elle, cela faisait trente-cinq ans qu’elle n’y était pas retournée. Pour ma part, ça allait être une première fois. Ce village de l'est, était jusqu'alors un mirage, une représentation imparfaite ou idéalisée, tissée de souvenirs rapportés et de récits épars recueillis au fil des années. 

El rihla c’est le voyage en arabe. Mais ce n’est pas qu’un déplacement physique, c’est surtout une quête de sens, de spiritualité et d’expérience. Ibn Battûta a été au XIVᵉ siècle l’un des plus grands voyageurs musulmans. Son rihla couvre près de trente années d’exploration intérieure et d’approfondissement de sa foi à travers l’Afrique, l’Asie et l’Europe. Pour lui, “Le voyage, il vous laisse sans voix, puis fait de vous un conteur.”

La volonté de rihla l’exposition photographique est de raconter mon voyage initiatique en Algérie. Les photos présentées rendent compte d'une vision personnelle et spontanée, bien que documentaire marquée par les rencontres au fil du hasard, ou du mektoub, sur les traces de mes aïeux.

Les courts récits proposés en ligne sont des morceaux de route, des tranches de souvenirs, des observations, des fragments de mémoire, des chansons et quelques notes documentaires, comme autant d’escales dans ce voyage.

Ma rihla est faite de vastes paysages mais aussi de visages. En entamant cette déambulation dans les rues d'Alger et de M’doukal vous ferez la rencontre de Hamida, Omar, Aïcha et d'autres femmes et hommes dont le regard m'a touché et dont le souvenir est resté figé sur mes pellicules argentiques.

Rihla, c'est une invitation à l'ailleurs. 
Un ailleurs dans lequel on se sent finalement chez soi, dans le regard des siens. 

بِسْمِ ٱللَّٰهِ